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Granit – Mémoire de pierre

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A l’automne 2023 a été lancée l’opération Granit – Mémoire de pierre sur le territoire à cheval entre Manche et Calvados autour des communes de Saint-Michel-de-Montjoie, Saint-Pois, Champ-du-Boult, Gathemo, Coulouvray-Boisbenâtre, auxquelles s’adjoignent les communes de Champ-du-Boult et Le Gast dans le Calvados.
Cet espace frontalier entre les départements de la Manche et du Calvados a connu une activité florissante autour de l’extraction du granit et son façonnage pour une grande diversité d’usages : construction, aménagements urbains (pavés), monuments funéraires… Cette activité multiséculaire est aujourd’hui quasiment éteinte. Ne subsiste que la carrière d’extraction de Saint-Michel-de-Montjoie, gérée par l’entreprise Châtel. La concurrence de zones de production à bas coût, au niveau mondial (Inde, Chine, Afrique du Sud, Labrador…) et l’évolution des techniques de construction ont eu raison de ce bassin local.
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Une histoire locale originale

Le granit forme le socle de ce massif bocager. Il s’inscrit dans le paysage, visible par les nombreuses boules disséminées dans les champs, que l’agriculture moderne s’est efforcée de retirer progressivement pour en permettre la culture. Le granit est également partout dans les constructions, comme poteau pour soutenir les barrières ou pour délimiter certaines parcelles avec les palets, ces murs de pierres levées alignées sur des dizaines de mètres, si caractéristiques de ce territoire. À côté des carrières de taille industrielle, l’œil exercé repère encore les nombreuses petites carrières, témoins d’une activité très dense d’extraction et de taille, relativement éclatée dans son organisation jusque dans le courant du 20e siècle.

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L’exploitation du granit est également présente dans la mémoire des habitants. Dans celle des travailleurs de la pierre, qu’on nomme picots localement, ou de leurs descendants de même que dans celle des entrepreneurs qui en dernier lieu ont organisé l’activité (Ets David, Ets Chatel…). Elle raconte la vie de ces ouvriers-paysans qui conjuguaient souvent la taille de la pierre, en indépendant ou dans un atelier, avec l’exploitation d’une petite ferme. Elle raconte aussi l’installation, dans cette terre de bocage, d’ouvriers spécialisés en provenance du centre Bretagne, d’Italie ou d’Espagne, dont les enfants ont appris le français à l’école communale, et qui ont fait souche durablement. Elle nous apprend encore le développement de l’activité au sortir de la Seconde Guerre mondiale avec l’immense chantier de la Reconstruction des villes et villages de Normandie

La mémoire de cette activité est matérialisée dans le parc-musée du granit, installé à Saint-Michel-de-Montjoie et lancé à l’initiative d’anciens picots et du maire de l’époque Marcel Cathrin. Cet espace est précieux en ce qu’il témoigne de cette histoire locale tout à fait singulière et des mutations que ce territoire a connues. Il connaît en même temps les difficultés inhérentes à tout espace muséographique qui se doit de formuler régulièrement des propositions nouvelles (expositions temporaires, animations…) pour continuer d’intéresser le public.

Les associations La Loure et Le Labomylette, fortes de leur expérience respective en matière de valorisation du patrimoine oral et de création photographique et habituées à travailler conjointement en associant la parole et l’image (notamment au travers de l’opération Portr’haie conduite récemment sur la question du l’héritage et du devenir du bocage dans la vallée de la Sée), ont initié l’opération

Granit – Mémoire de pierre

. Elle vise à recueillir la parole des habitants et des travailleurs du granit encore vivants pour proposer une approche sensible et vécue autour de l’exploitation locale du granit. Elle s’attache aussi à rassembler les représentations sur cette activité et à montrer comment celle-ci a été reconnue progressivement comme élément patrimonial (inauguration du parc-musée du granit, instauration du circuit de la pierre percée…). Ce faisant, il s’agit de mettre en évidence l’activité granitique locale en tant que patrimoine culturel immatériel à part entière, au sens de la définition de la convention de l’UNESCO, qui articule des savoirs, des savoir-faire, des objets, inscrits et organisés dans une géographie spécifique.

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Les modalités de l’opération

Une enquête de terrain alliant recueil de témoignage et création photographique

A côté de l’enquête orale, portée par Yvon Davy, de l’association La Loure, une campagne photographique est conduite par Stéphane Janou, du Labomylette, mettant en valeur aussi bien les témoins de cette activité autour du granit que sa manifestation dans le paysage. Outre ces nouvelles productions, Stéphane Janou met à profit les archives photographiques qu’il a constituées sur cette thématique depuis près de 25 ans, au contact des tailleurs, des carriers et des nombreux habitants qui ont évoqué avec lui leur vécu spécifique en lien avec le travail de la pierre et la vie sociale de ce territoire.

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Une exposition dans l’espace public

Tout ce travail de terrain nourrit une exposition photographique et textuelle, présentée de manière évolutive sur ce territoire de granit. Ici pas d’exposition finale mais plutôt du « work in progress », c’est-à-dire une restitution régulière des productions réalisées et un renouvellement de celles-ci pour intéresser et piquer la curiosité des habitants, à la manière d’un feuilleton. Deux lieux d’exposition sont proposés : le 1er sur le belvédère de Saint-Michel-de-Montjoie, au-dessus du Parc-Musée du granit et le 2d à l’entrée du Pôle socio-culturel de Noues de Sienne. Une dimension numérique de cette exposition va être également lancée permettant au public d’accéder à l’entièreté des productions.

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Randonnées de chant et de pierre et veillées granitiques

Des actions de médiation et d’animation sont proposées, notamment des randonnées « de chant et de pierre » qui mixent la formule des randonnées chantées qu’anime régulièrement La Loure, à partir des répertoires traditionnels qu’elle a recueillie un peu partout en Normandie, et une découverte in situ des lieux de production du granit avec des témoins (historiens, géologues, anciens granitiers…) aptes à nous éclairer sur cette activité. Cette formule reprend d’une certaine manière la logique des randonnées chant’haies, mises en œuvre dans le cadre de l’opération Portr’haie, qui ont rencontré à chaque fois un très vif succès. Des "veillées granitiques", moments de restitution du travail de collecte sont également organisées comme des moments d’échange et de convivialité avec les habitants autour de cette mémoire commune.

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L’opération Granit - Mémoire de pierre est réalisée avec le concours de :

La route du granit

par les chemins de "la Pierre Percée"

 Au sud de la forêt de Saint-Sever, les paysages témoignent encore du travail des « picauts » tailleurs de granit. Ce patrimoine nous rappelle que le sous-sol du Bocage normand vient en prolongement du massif armoricain. Nous sommes un peu... Bretons par notre granit. Et pas n'importe lequel : le  « bleu de Vire », comme on l'appelle localement.